Stress professionnel.

Le Stress Professionnel

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le stress est considéré comme le fléau du monde occidental. Il est un problème majeur pour la santé des travailleurs et celle de l'entreprise qui les emploie. Les employé(es) stressé(es) ont davantage de risques d'être en mauvaise santé, peu motivé(es), et moins respectueux des règles de sécurité au travail. Leur employeur, face à une concurrence grandissante a toute les chances d'être moins performant. Si les dirigeants ne peuvent protéger les salariés contre le stress, ils peuvent le faire contre les pressions qui surviennent au travail.

Stress au travail, gâchis humain et économique.

D'après les enquêtes sur la "souffrance morale au travail", il ressort que 80% des cadres estiment ne pas recevoir une juste reconnaissance de leurs efforts. 84% des personnes déclarent avoir un travail stressant, et 72% ressentir de la pression. Les salariés de la fonction publique sont particulièrement touchés par ce phénomène. 42% estiment leur ambiance de travail mauvaise, ce chiffre atteint les 55% pour les fonctions de direction.

Le stress n'épargne personne dans les sociétés industrialisées modernes, et ses effets sur la santé et la productivité ont un impact considérable sur l'économie. Ainsi, pour exemple, l'absentéisme est à mettre en relation avec le stress professionnel à concurrence de 50 à 60% (Institut de Recherche et de Sécurité), si l'on y ajoute les indemnités de l'assurance santé et des frais médicaux, la note annuelle globale pour l'U.E est estimée à 20 milliards d'euros, sans parler de la baisse de productivité.

Définition du stress.

Réponse physique et psychique à une situation évaluée comme une contrainte, dépassant les ressources ressenties. 

Origines du concept : causes / effets

  • De l'Anglais Stringere: tendu, serré, pressé
  • Au XVIIème siècle, en Angleterre: état de détresse en rapport avec l'opression, l'adversité et les privations
  •  W.B Cannon 1914: stimuli physiques, émotionnels en rapport avec l'organisation sociale et industrielle.

La réponse en trois phases du stimulus stressant.

1950, syndrome général d'adaptation biologique de Han SELYE. 

1) La phase d'alarme :

C'est celle de la perturbation qui prépare l'organisme à lutter, fuir ou s'immobiliser, elle est porteuse des agents stressants: ces derniers se répartissent par excès ou défaut, EX: trop ou pas assez de chaleur et naissent des situations / évènements perturbants qui peuvent être psychologique, physique, biochimique, social et économique, nousologique.

La réaction au stress est déclenchée par les stimuli lorsque l'organisme le perçoit comme une menace. Cette perception dépend de nombreux facteurs propres à l'individu tels que ses valeurs, sa culture, sa personnalité, son adaptabilité, sa croyance.

La stimulation du système sympathique produit de l'adrénaline.

La fréquence cardiaque, la tension artérielle, la vigilance ainsi que la température corporelle sont en augmentation. 

2) La phase d'adaptation :

L'organisme entre en résistance et doit s'adapter à l'agent perturbateur pour gérer du mieux possible la soudaine situation. Si le niveau de tension est adapté à la situation, à l'action, il est bénéfique, par contre s'il est disproportionné, il devient nuisible pour la santé.

Si la situation stressante persiste, il y a une sécrétion auto-régulée de l'hormone du stress (la cortisone), avec une augmentation du taux de sucre dans le sang pour apporter l'énergie nécessaire.

3) La phase de décompensation :

Cette dernière ne survient que lorsque l'organisme n'a pas pu s'adapter à la situation, c'est l'épuisement. La phase d'alarme se reproduit,

L'autorégulation de la cortisone devient inefficiente, et son taux augmente constamment dans la circulation sanguine. L'organisme est submergé d'hormones activatrices.

Lutter ou fuir ?

Lorsque l'homme des cavernes affrontait les dangers de la vie sauvage, son organisme réagissait sur le champ. Le cortex transmettait un signal de danger lui permettant de mobiliser ses forces pour fuir ou attaquer l'ennemi qui menaçait sa vie. De nos jours, ces réactions physiologiques, s'ils conservent leur utilité face à un danger physique soudain sont disproportionnées par rapport à l'adaptation à réaliser. Dans nos sociétés modernes, les évènements alarmants ont plus souvent un caractère psychologique que physique tel que divergence de vue avec son supérieur hyerarchique, mauvaise communication, surcharge de travail, etc...

Combattre ou fuir lors d'une discussion pénible paraîtrait bien étrange comme réaction, ainsi l'homme moderne, encouragé par la société à toujours garder son calme (du moins en apparence) et à supporter les tensions sans broncher à opter pour une troisième solution "l'inaction". Cette autre réaction n'est en fait qu'un camouflage impliquant l'immobilité, "tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime".

Les risques psycho-sociaux.

Alors... Bon stress ou mauvais stress?, selon des idées répandues, le bon stress permettrait aux salariés de donner le meilleur d'eux mêmes, tandis que le mauvais stress rendrait malade. Il n'y a pourtant scientifiquement ni bon, ni mauvais stress, mais un phénomène d'adaptation du corps rendu nécessaire par l'environnement. Il faut en revanche différencier stress aigü et stress chronique qui ont des effets différents sur la santé.

L'état de stress aigüe correspond aux réactions de notre organisme quand nous faisons face à une menace ou un enjeu ponctuel comme la prise de parole en public, un changement de poste, l'inattendu etc... quand la situation prend fin, les symptômes s'arrêtent peu après (souffle court, accélération du pouls, sensation d'oppression, peur, anxiété, angoisse...).

L'état de stress chronique est une réponse de notre corps à une situation de stress qui s'installe dans la durée. Tous les jours nous avons ainsi l'impression que ce que l'on nous demande dans le cadre professionnel excéde nos capacités. Le stress chronique a toujours des effets néfastes pour notre santé. A haute dose, le stress est sources d'erreurs, d'agressivité et de frustration. A faible dose, il est source de motivation, d'évolution et de créativité.

Nos émotions sont le fruit de nos pensées, c'est pourquoi le véritable élément perturbateur n'est pas le stresseur en lui même, mais uniquement l'idée que l'on s'en fait. La manière dont nous voyons les choses est similaire à la compréhension que nous avons de ce que nous voyons.

Les violences internes

Commises au sein de l'entreprise par des salarié: conflit, brimades, harcèlement moral, propos désobligeants, insinuations, humiliations, actes violents, critiques injustifiées, mise au placard... Ces violences peuvent être exercés par une personne ou un groupe de personnes, détentrice(s) ou non d'une autorité hiérarchique, à l'encontre d'un ou plusieurs autres salariés.

Les violences externes

Exercées contre une personne sur son lieu de travail par des individus extérieurs à l'entreprise, les violences externes peuvent prendre des formes diverses, incivilité, agression verbale, acte violent. Parmi les professions les plus concernées, on trouve les professions de santé, du commerce et du transport, les postiers, les employés de banques et d'assurances, les agents de sécurité.

Le Burn-Out

Le burn-out ou épuisement des ressources dans le milieu professionnel est initialement identifié parmi le personnel soignant et aidant, peut concerner toutes les professions qui demandent un engagement personnel intense. Le syndrôme d'épuisement professionnel est un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique caractérisé par trois dimensions.

  1. L'épuisement émotionnel: sentiment d'être vidé de ses ressources émotionnelles.
  2. La dépersonnalisation: insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l'autre (les usagers, clients ou patients deviennent des objets), vision négative des autres et du travail.
  3. Le sentiment de non accomplissement: sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l'entourage, mise en retrait, dépréciation de ses résultats.

Quelque exemples : 

Médecins, infirmières, aides soignant(es), enseignant(es), etc... de nombreuses professions demandent un investissement personnel et affectif important. Les salarié(es) exerçant ses métiers peuvent être concerné(es) par le risque de burn-out quand ils arrivent à ressentir un écart trop fort entre leurs attentes, la représentation qu'ils ont de leur métier (portée par des valeurs et des règles) et la réalité du travail.

Cette situation, qui les épuise et les vide émotionnellement, les conduit à remettre en cause leur investissement initial.

Les six sources de stress au travail.

La tâche : nature et caractéristiques.

  • Les activités à forte responsabilité
  • Les activités monotones ou répétitives
  • Le grand nombre d'informations à traiter simultanément
  • La surcharge ou sous-charge de travail
  • La pression temporelle
  • Le travail sans cesse interrompu, morcelé
  • Les nouvelles technologies 

L'organisation du travail.

  • L'imprécision des missions
  • Les exigences contradictoires
  • L'absence d'objectifs clairement définis
  • La mauvaise communication
  • Le travail en flux tendu
  • Les horaires de travail peu compatibles avec la vie sociale et familiale

Les relations de travail.

  • La compétition déloyale ou tendue
  • Les conflits ouverts ou latents
  • Le manque de soutien de la part des collègues ou des supérieurs
  • Le management peu participatif
  • L'insuffisance de la reconnaissance du travail
  • L'isolement social ou physique 

La communication.

  • L'incertitude quant à ce qui est attendu au travail
  • Les changements à venir, la perspective d'emploi
  • Les orientations et objectifs de l'entreprise
  • La communication difficile entre les acteurs

L'environnement physique.

  • Le bruit
  • La chaleur
  • Le froid
  • L'humidité
  • La sur-occupation des locaux
  • L'éclairage non adapté
  • Le matériel peu ergonomique

L'environnement socio-économique.

  • La mauvaise santé économique de l'entreprise
  • La compétitivité, concurrence nationale et internationale
  • La précarité de l'emploi
  • Le salaire insuffisant
  • L'endettement personnel...

L'impact du stress sur la santé

Généralités.

  • Dans un premier temps, une impuissance ressentie à faire face à la situation, puis des réactions d'adaptation.
  • D'ordre émotionnel.
  • D'évitement.
  • Des recherches de solution.

Si ces réactions sont inefficaces, l'état de stress devient chronique, menaçant notre intégrité physique et mentale.

Sur les performances intellectuelles.

  • Une baisse de la concentration et de l'attention
  • Une augmentation de la distraction
  • Détérioration de la mémoire
  • Augmentation du taux d'erreur
  • Détérioration de la capacité d'organisation et planification
  • Réduction de l'objectivité et du sens critique
  • Baisse de l'efficience et de la productivité

Sur le plan émotionnel.

  • Sensation d'oppression ; tension intérieure pénible
  • Peur, anxiété excessive, angoisse
  • Irritabilité, colère
  • Augmentation des craintes sur sa santé
  • Baisse de l'estime de soi, sentiments d'incompétence et d'inutilité
  • Epuisement des ressources émotionnelles
  • Apparition de la dépression
  • Augmentation du risque de suicide

Sur le plan comportemental.

  • Baisse de l'enthousiasme et de l'intérêt
  • Augmentation de l'absentéisme
  • Irritabilité et agressivité
  • Recours aux drogues
  • Report de responsabilité sur autrui

Sur le plan physique.

  • Respiration et fréquence du coeur en hausse
  • Fatigue généralisée
  • Perturbation du sommeil
  • Perte d'appétit ou boulimie
  • Maladies psychosomatiques
  • A terme, épuisement physique

Culture d'entreprise.

  • Mauvaise communication
  • Mauvaise direction
  • Manque de clarté concernant les objectifs, l'entreprise et la structure organisationnelle
  • Liens entre la vie professionnelle et la vie privée
  • Conflit entre les exigences du travail et celle de la vie privée
  • Manque de reconnaissance des problèmes privés au travail
  • Manque d'appui à la maison pour les problèmes rencontrés au travail 

Répercutions sur la productivité des entreprises

  • Désinvestissement, absentéisme, départs volontaires
  • Baisse des performances individuelles: difficultés de concentration
  • Incidents et accidents
  • Baisse de la productivité

Impossible d'échapper à la souffrance morale, elle nous accueille souvent dés le saut du lit, présente du haut en bas de l'échelle du P.D.G à l'ouvrier. Entre le marteau et l'enclume, le cadre qui subit le stress de sa direction met la pression à son tour sur les personne qu'il dirige.

Certaines entreprise pensent que le stress est signe de performance, et s'il est exact qu'au départ la courbe de pression et celle de l'efficacité se suivent, il devient inévitable que la performance après avoir atteint des sommets, redescende.

De nos jours il faut bien reconnaître que les cadres super diplômés possèdent une qualité de savoir faire technique, mais quand aux relations humaines, ils ne savent pas grand chose.

Synthèse.

Résultat, le harcèlement moral est l'une des principales causes de stress. Dans un contexte social et économique soumis à toujours plus de concurrence, savoir tisser des liens entre l'entreprise et ses salariés, c'est développer une image positive de son entreprise.

Il faut donc apprendre aux managers à épanouir les ressources humaines plutôt qu'à les brimer où à les épuiser. L'entreprise doit dorénavant appliquer à ses salariés la formule: attirer, mobiliser et fidéliser.

L'employeur devient ainsi une référence et contribue à l'ébauche du sentiment d'appartenance de l'employé(e), il réduit ainsi les coûts directs liés au turn-over, au stress et à l'absentéisme. De plus, il se conforme et anticipe les effets d'une règlementation en pleine mutation.

Les aspects juridiques.

Le 8 octobre 2004, un projet d'accord-cadre sur le stress au travail a été arrêté par les représentants patronaux et syndicaux des structures européennes dans le but de faire transposer les dispositions de cet accord dans les lois des pays membres. 

Le code du travail invite ,dans l'article L. 230.2, l'employeur à prendre toutes mesures pour garantir la santé mentale des salariés et à agir sur les principales sources de stress.

Le 26 avril 2007: accord européen sur le harcèlement et la violence au travail

Le 2 juillet 2008: accord international interprofessionnel (ANI) sur le stress au travail

Le 23 avril 2009: arrêté d'extension de l'ANI sur le stress (J-O du 6 mai 2009)

Le Février 2010: sur la demande du premier ministre, un rapport est né avec dix propositions pour améliorer la santé psychologique au travail 

Mieux comprendre et gérer le stress.

  • Optimiser les stratégies de coping (to cope = faire face)
  • Pour améliorer la résilience = capacité à retrouver son équilibre après chaque agression = vitesse + qualité de récupération

Améliorer la résilience pour :

  • Mieux résister aux aléas de la vie
  • Moins souffrir / mieux produire
  • Reprendre l'initiative sur les évènements et  sur leur ressenti
  • Combattre ou travailler plus détendu, pour une meilleure endurance et une meilleure efficience 

S'entraîner à :

  • Replacer la conscience dans l'acte respiratoire, tensions, crispations (prise de conscience de ses tensions inconscientes)
  • Coloniser ses espaces intérieurs
  • Désamorcer les conflits
  • Débrayer les automatismes de pensées
  • Etre un absorbeur de stress, diffuseur de confiance et d'énergie créatrice 

Apporter les outils qui font du bien et les intégrer dans le quotidien.

  • Maîtrise de la respiration (digestion, élimination, équilibre physique et psychique)
  • Exercices corporels.
  • Relaxation (détente cérébrale et musculaire).
  • Cohérence cardiaque (équilibre du système nerveux autonome).

Conclusion.

Le stress dans le milieu du travail constitue un réel problème pour les travailleurs et les entreprises. Les organismes conscients du préjudice, sont de plus en plus nombreux de nos jours à introduire des programmes de prévention et de ressources de gestion du stress.

Certains estiment que, pour chaque euro investi dans ces programmes, ils en font économiser six. Les entreprises qui aideront leurs employé(es) à faire face au stress seront celles qui auront le plus de chance de réussir dans l'avenir.

Les gestionnaires du lieu de travail auraient à y gagner en s'inspirant de la sagesse du sociologue Studs Terkel qui affirme que :

"Le travail est une recherche quotidienne de bon sens tout autant que de pain, de reconnaissance autant que d'argent,

d'émerveillement plutôt que de stupeur, en bref, c'est chercher à vivre une certaine vie plutôt que mourir d'une sorte de mort lente du lundi au vendredi".

Jean-Luc BLANCHARD